En 2025, le marché des voitures d’occasion évolue dans un climat d’incertitude, marqué par une offre réduite,des prix élevés et une demande qui peine à être satisfaite. Si le secteur fait preuve d’une certaine résilience, il reste confronté à des défis structurels : stocks limités, hausse des prix et concurrence accrue du neuf. À cela s’ajoutent les incertitudes liées aux politiques fiscales et aux tensions sur les composants électroniques. Pourtant, quelques tendances émergent, notamment la popularité croissante des véhicules de plus de huit ans et la baisse des prix sur le segment des électriques. Dans ce contexte mouvant, comment les professionnels du secteur vont-ils s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs et aux mutations du marché ?
Une offre réduite, des ventes en baisse et des prix en hausse
Les premières projections établies par les professionnels du véhicule d’occasion en France pour l’année 2025 sont loin d’être optimistes. Malgré une légère hausse de 3% des immatriculations en 2024 par rapport à 2023, le marché n’a toujours pas retrouvé ses niveaux d’avant la pandémie de 2020. Vincent Hancart, directeur général d’AutoScout24 France, évoque une « certaine résilience » du secteur, mais prédit un futur « marché stable, voire en légère baisse, avec encore des prix élevés et une concurrence plus vive avec le marché du véhicule neuf » (source : AutoScout24 France).
La demande est là, mais l’offre ne suit pas
En 2025, le marché du véhicule d’occasion devrait enregistrer une baisse avec un volume global compris entre 4,7 et 5,1 millions de véhicules, selon Emmanuel Labi, président d’Autobiz (source : Autobiz). Cette réduction s’explique par la diminution des stocks de véhicules récents, conséquence directe des difficultés persistantes sur le marché du neuf. Avec seulement 408 000 véhicules de moins de 8 ans disponibles en octobre 2024, contre une norme habituelle de 510 000, l’offre reste insuffisante face à une demande croissante.
Par ailleurs, la baisse des ventes est accentuée par le contexte économique général. Les ménages, soumis à des pressions inflationnistes, hésitent à investir dans des véhicules neufs, ce qui reporte leur attention sur l’occasion. Cependant, cette tendance est contrebalancée par l’augmentation des prix, rendant certains modèles inaccessibles pour les budgets limités.
Impact des politiques fiscales et des pénuries
Les politiques fiscales répressives pour les véhicules thermiques et incertaines pour les véhicules électriques ajoutent à cette incertitude. Les pénuries de composants électroniques et de semi-conducteurs, amorcées en 2020, continuent de peser lourdement sur la production et la disponibilité des véhicules, impactant directement le marché de l’occasion (source : rapport Autobiz).
Ces politiques reflètent également une volonté de pousser les consommateurs vers des alternatives plus écologiques. Toutefois, la transition vers l’électrique s’accompagne de coûts supplémentaires et de doutes quant à l’autonomie et à la durabilité des batteries. Cela freine une adoption massive de ces véhicules sur le marché de l’occasion.
L’exception des véhicules électriques
Un segment semble néanmoins échapper à cette tendance inflationniste : celui des véhicules électriques. Représentant 14 % des stocks d’occasion à l’automne 2024, ces véhicules connaissent une baisse notable de prix, perdant jusqu’à 4 000 euros par rapport à 2023 sur leboncoin (source : leboncoin). Cette baisse pourrait s’expliquer par une augmentation progressive de l’offre grâce aux retours de locations courte et longue durée.
De plus, les campagnes marketing des professionnels s’intensifient pour convaincre les acheteurs. Des offres spéciales et des garanties prolongées sont proposées pour attirer une clientèle encore réticente à adopter ce type de véhicules. Emmanuel Labi souligne l’importance d’une stratégie tarifaire dynamique pour répondre aux spécificités de ce segment.
Les voitures de plus de 8 ans en vogue
Depuis la pandémie, les véhicules de plus de huit ans dominent le marché, représentant plus de la moitié des immatriculations en 2024. Ces voitures, souvent bien équipées, restent attractives pour des ménages dont le pouvoir d’achat a été fragilisé ces dernières années (source : rapport Auto1).
En effet, ces véhicules offrent des options modernes telles que la climatisation, les écrans tactiles ou les radars de recul, tout en restant abordables. Les professionnels, pour répondre à cette demande, intensifient leurs efforts de rachat auprès des particuliers. Cependant, cette tendance contribue également à maintenir les prix élevés dans cette catégorie.
Une quatrième année consécutive de baisse des prix en Europe
Sur la scène européenne, la tendance est similaire. Selon le rapport du groupe allemand Auto1, le prix moyen des véhicules d’occasion a diminué pour la troisième année consécutive en 2024. Malgré cette baisse, les prix restent encore 17,1 % plus élevés qu’avant la pandémie de Covid-19. Cependant, 44 % des professionnels européens anticipent une nouvelle baisse des prix en 2025 (source : Auto1).
Cette dynamique est alimentée par une concurrence accrue entre les différents marchés nationaux. En Espagne et en Italie, les baisses de prix devraient être plus marquées, tandis qu’en France, les professionnels misent davantage sur la stabilité.
Quelles tendances pour 2025 ?
D’après Autobiz, plusieurs tendances majeures devraient se dessiner pour le marché de l’occasion en 2025 :
- Un fléchissement des transactions avec des immatriculations en baisse.
- Un tassement de l’offre dû aux difficultés du marché neuf.
- Un retour potentiel de l’inflation des prix.
- Une exception pour les véhicules électriques qui pourraient voir leurs prix se stabiliser voire baisser.
- Une popularité toujours croissante des véhicules de plus de huit ans.
Les professionnels devront aussi s’adapter à une clientèle de plus en plus exigeante, notamment en matière de transparence sur l’historique des véhicules et les garanties proposées. Cette évolution pourrait transformer les pratiques commerciales traditionnelles et encourager l’utilisation accrue des plateformes numériques pour les transactions.
Vers un marché en pleine transformation
Le marché des voitures d’occasion en 2025 s’annonce comme un secteur en mutation profonde. Entre une offre réduite, des prix fluctuants et des attentes changeantes des consommateurs, les professionnels devront redoubler d’efforts pour répondre aux défis du marché. La transition vers des véhicules plus écologiques, bien que complexe, représente une opportunité unique pour remodeler le paysage de l’automobile en France et en Europe. Les acteurs du secteur qui sauront innover et s’adapter à ces nouvelles réalités auront une longueur d’avance dans ce contexte compétitif.
